vendredi 30 janvier 2009

William Cliff, Immense existence (poésie)


IBIZA

sur la plage près de la mer
se trouve un homme qui regarde
le soir descendre les nuages
font un barrage à la lumière

couchante du soleil le monde
dans les cafés dans les maisons
gaiement se prépare à la nuit
les pêcheurs craignant la tempête

se sont réfugiés dans le port
les commerçants la mine grise
sous une lampe avare font
le compte de l'argent gagné

le vent froid passe sur la plage
et l'on ne sait où s'abriter
la brume couvre la montagne
la route du retour est longue

l'homme tremblant de froid regarde
pour voir si l'autobus arrive
mais rien ne vient sur la chaussée 
la nuit est de plus en plus noire

il voit des gens qui vont jeter
dans un bac leurs ordures d'autres
qui montent en auto et font
en partant voler la poussière

le magasin resté ouvert
ne reçoit guère de clients
(et personne d'autre ne vient
attendre ici avec cet homme

dont le corps frissonnant de froid
s'est appuyé contre la barre
de fer signalant que l'arrêt
à cet endroit est bien prévu)

enfin comme un mirage le bus
carré poudreux blafard se montre
le chauffeur (encore le même) est
fatigué les passagers peu

nombreux se taisent l'homme est seul
quand il descend au terminus
mais de revoir la ville lui
donne du bonheur car l'homme aime

voir d'autres hommes comme lui
partager sa condition d'homme