jeudi 26 février 2009

Yannick Haenel, Evoluer parmi les avalanches



"Les phrases de ce livre s'élancent derrière ma tête, elles frôlent mes oreilles, tournent sur elles-mêmes et forment des sons qui viennent glisser sous nos yeux. C'est ainsi que s'écrivent mes désirs. C'est ainsi que m'apparaît la solitude. Je ne connais pas de plus belle aventure que celle d'être soudain seul – et de se détacher.
Le 12 septembre 2001, au-dessus de la Seine, je me suis senti violemment libre. Je publiais ce jour-là un livre qui, selon mes amis, tombait mal, car la veille, tout le monde le sait, la destruction des tours jumelles à New York avait fait des milliers de morts, et franchement, disaient-ils, un livre où tout s'effondre, un livre, où, dans la joie, tout explose, au lendemain d'un tel désastre, avait de quoi faire grincer les dents.
J'étais dans le métro, et au moment de traverser la Seine il y eu un brusque coup de frein; on a tous perdu l'équilibre et la rame s'est arrêtée au milieu du pont de Bir-Hakeim. Je lisais les Pensées de Pascal – une phrase, spécialement: 'Qu'y a-t-il dans le vide qui puisse nous faire peur ?' "

samedi 21 février 2009


pour lui,









Il fut un temps où tu recevais des lettres. Pas des e-mails, des sms, des lettres, simplement.
A 15 ans, les premières d'un aimé qui habitait à 1000 kilomètres de chez toi et qui disaient l'amour, le désir, l'espoir d'être ensemble pour toujours
Tu attendais le facteur, tu guettais la boîte aux lettres. Tu étais toujours impatiente. Parfois c'est ta mère ou ton père qui les déposaient sur ton bureau, tu les découvrais le soir en rentrant de l'école. Tu allais au lycée, tu détestais ça. Ces lettres étaient la promesse d'autre chose. Un autre monde. Une autre vie. L'adolescence.
Tu les as gardées, elles t'accompagnent depuis presque 30 ans. Elles sont dans une boîte - toujours la même. Personne n'a le droit d'y toucher.  Tu en ouvres parfois quelques unes mais une vague tristesse t'envahit alors. Ce papier, cette enveloppe, cette odeur inchangée te rattachent à un passé qui s'éloignent et que tu ne peux rattraper, comme les photos que tu conserves par centaines et qui te blessent.
 
Des années plus tard, tu as reçu d'autres lettres, de très belles aussi. Beaucoup de celui qui allait devenir le père de ta fille. Mais lui aimait surtout les cartes postales et les petits mots qu'il inscrivait dessus et dont il avait le secret. Tu avais 25 ans. Tu t'étais réconcilliée avec l'enseignement et fréquentais alors les bancs de l'université. Il était écrivain et philosophe. Tu lui répondais, tu essayais d'être à la hauteur de cet échange. Une enfant est née de cette union. Tu l'as appelée la joie (Julie Simha). Celles-ci, tu les as gardées pour elle, Julie, mais tu ne les relis plus. Tes 15 ans étaient loin.


Aujourd'hui, ta boîte aux lettres n'est plus une promesse. Elle ne dépose que des factures, des publicités, parfois quelques cartes postales égarées. 
Cela ne te rend pas triste mais nostalgique. Le regret d'un monde peut-être moins efficace, moins rapide, moins performant… mais plus poétique, plus humain. 

Tu as naturellement adopté le courrier électronique. Il calme ton impatience naturelle. Les doigts qui courent sur le clavier. Un clic. Deux clics. Une réponse quelques minutes plus tard de l'autre bout du monde. Mais plus aucune lettre de Provence ou d'ailleurs. Que des messages virtuels qui n'engagent personne. 

Au début, tu écrivais de vraies lettres, tu gardais même tous les messages électroniques que tu recevais. Tu faisais des dossiers, tu classais, triais, imprimais, relisais ce qu'on t'avait envoyé
On s'est vite moqué de toi. 
Alors tu as delete à ton tour, clic clic clic. 
– Je t'aime je t'aime je t'aime. 
– Moi non pl---------------------


mardi 17 février 2009

Lettre à D. Histoire d'un amour (André Gorz)



pour D.




"Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien."


dimanche 15 février 2009

Araki enfin, L'Homme qui ne vécut que pour aimer (Philippe Forest)





L'Homme qui ne vécut que pour aimer (Kôshoku ichidai otoko).

Qui ne souhaiterait pas avoir été cet homme ?




vendredi 6 février 2009

Alain Bashung en concert…




Je n'ai pas souvent l'occasion d'aller à un concert et je ne suis pas sûre que j'aime vraiment ça (je suis souvent déçue), mais je ne voulais pas rater celui de ce grand Monsieur, de passage à Bruxelles fin 2008. 

Le corps lutte mais la voix est intacte, la présence aussi. 
C'était fragile et beau. C'était rare. C'était un moment étonnant. 

Quoiqu'il arrive à Monsieur Bashung, je lui dis merci.