jeudi 26 février 2009

Yannick Haenel, Evoluer parmi les avalanches



"Les phrases de ce livre s'élancent derrière ma tête, elles frôlent mes oreilles, tournent sur elles-mêmes et forment des sons qui viennent glisser sous nos yeux. C'est ainsi que s'écrivent mes désirs. C'est ainsi que m'apparaît la solitude. Je ne connais pas de plus belle aventure que celle d'être soudain seul – et de se détacher.
Le 12 septembre 2001, au-dessus de la Seine, je me suis senti violemment libre. Je publiais ce jour-là un livre qui, selon mes amis, tombait mal, car la veille, tout le monde le sait, la destruction des tours jumelles à New York avait fait des milliers de morts, et franchement, disaient-ils, un livre où tout s'effondre, un livre, où, dans la joie, tout explose, au lendemain d'un tel désastre, avait de quoi faire grincer les dents.
J'étais dans le métro, et au moment de traverser la Seine il y eu un brusque coup de frein; on a tous perdu l'équilibre et la rame s'est arrêtée au milieu du pont de Bir-Hakeim. Je lisais les Pensées de Pascal – une phrase, spécialement: 'Qu'y a-t-il dans le vide qui puisse nous faire peur ?' "